La portée philosophique du conte en régime d’oralité africaine pour penser les nouvelles pratiques philosophiques avec les enfants

Colloque RED – DJIBOUL Hors série n°07, 2024

Contribution à une publication collective, réflexion sur l’usage du conte oral dans les ateliers philosophiques en contexte africain.


Force est de constater que l’Humanité est marquée par des tensions croissantes, il n’y a plus de doutes quant à l’urgence de placer l’éducation au sein des priorités gouvernementales.

Nelson Mandela disait déjà que « l’éducation est l’arme la plus puissante du monde ». La Charte Africaine des droits et du bien-être de l’enfant a été adoptée lors de la 26e conférence des chefs d’État et de gouvernement de l’Organisation de l’unité africaine en juillet 1990. Elle est entrée en vigueur le 29 novembre 1999, après avoir reçu la ratification de 15 États.

L’alinéa 1 de l’article 11 consacre le droit à l’éducation de l’enfant. L’alinéa 2 considère in fine l’enfant d’un point de vue holistique, il reconnait sa personnalité, ses capacités mentales et physiques et à cet égard précise entre autre que l’éducation de l’enfant vise à « la préservation et le renforcement des valeurs morales, traditionnelles et culturelles africaines positives ; préparer l’enfant à mener une vie responsable dans une société libre, dans un esprit de compréhension, de tolérance, de dialogue, de respect mutuel et d’amitié entre les peuples, et entre les groupes ethniques, les tribus et les communautés religieuses ; préserver l’indépendance nationale et l’intégrité territoriale et promouvoir et instaurer l’unité et la solidarité africaines ».

À la lumière de ces éléments, il en va sans dire que les questionnements existentiels que tout enfant se pose dans son universalité, occupent leur place.

Grison Trésor Kakumbi Belumba, Directeur du Laboratoire de Philosophie du droit, de l’éducation et du numérique au Département de Philosophie de l’Université de Kinsangani en République Démocratique du Congo, cite Johanna Hawken en ce qu’elle aborde la question de l’étonnement des questionnements chez l’enfant, soulignant que la faculté d’étonnement rime avec l’étrangeté du monde. En ce sens, l’étonnement enfantin est emblématique d’une philosophie humaine universelle et source archétypale de l’ouverture au monde philosophique.

Elle constate alors que cette relation entre l’enfance et la philosophie serait la marque d’une ouverture d’esprit en ce que « le monde de l’enfance et le monde de la philosophie peuvent sembler a priori très éloignés, voire absolument étrangers. Toutefois, à y regarder de plus près, il apparait que le monde de l’enfance soit déjà empreint de philosophie, et que l’esprit de l’enfant soit déjà ouvert aux dimensions philosophiques du monde.

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Philosophie avec les enfants et inclusion scolaire